Dimanche 17
Hammamet-Port Yasmine à El
Kantaoui : 30 milles - navigation 6 heures 45
La Marina d’Hammamet,
où nous retrouvons
nos nouveaux équipiers, Nico et Veronica,
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en pleine navigation il faut se restaurer, |
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Véronica apprécie beaucoup les lunettes révolutionnaires "anti mal de mer".
C'est génial ! |
ne présente aucune activité
visible : c’est un port d’hivernage, peu de bateaux, occupés par des
retraités qui ne donnent pas l’impression d’en bouger, certains bateaux
semblent abandonnés, d’autres à vendre…Pour l’accès Internet, nous avons le
choix (payant) entre 1 heure et 1 semaine…Cette confortable Marina nous permet
au moins d’avoir une nuit de repos bien méritée. Nous n’oublions pas de refaire
le plein de gas oil (à 1,20 Dinar le litre, comme c’est bon !), de subir
un contrôle supplémentaire de la Garde Nationale
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Au revoir Port Yasmine |
et de hisser le pavillon italien dans les
barres de flèche bâbord avant d’appareiller pour la Marina d’El Kantaoui, qui
remplace le port de plaisance de Sousse.
La météo pour la semaine est bonne, nous
bénéficions d’une bonne brise, dans le nez comme d’hab. 2 voiliers font route
avec nous, ce qui n’est pas commun depuis notre arrivée en Tunisie.
Nous nous octroyons, en pleine mer, une
pause baignade en milieu de journée. Premier bain pour Dano et Sim, et l’eau ne
leur paraît pas si chaude…
La côte est une plage continue bordée
d’hôtels modernes, blancs. L’arrière pays est uniformément plat, sans amers
remarquables.
Un cordage abandonné de 10 mètres de long
et de 20 mm de diamètre glisse tranquillement le long de notre coque… Une
veille permanente est indispensable, afin d’éviter les innombrables lignes de
fond qui tapissent la mer. Les sacs en plastiques et autres saloperies
abondent. Inch’Allah, Nico maintenant à bord va pouvoir contrôler l’hélice et
la dégager si besoin est.
Le lundi 18 :
El Kantaoui à Mahdia : 46 milles -
navigation 10 heures
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El Kantaoui/Sousse |
Matinée
mouvementée au niveau des formalités: nous sommes dirigés de bureau en bureau afin
de communiquer le départ de Bahia pour Mahdia, sous un soleil de plomb.
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Mahdia |
A 9.15
le bureau des douanes – situé à l’autre extrémité de la marina- nous donne
enfin son accord et nous pouvons enfin prendre le large. La mer est belle et
nous nous adonnons à la lecture et autre sieste, en nous laissant porter par
les flots durant 9 heures.
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Chut ! Marie-Thérèse fait la sieste... Pas belle la vie ? |
Nous
longeons une côte rectiligne tout en zigzaguant entre les thonnaires,
nombreuses à cet endroit.
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Lors de notre escale à Mahdia |
A
notre arrivée dans le pittoresque port de Mahdia, sous les yeux inertes de
trois gardes nationaux, nous nous mettons à couple avec un ketch allemand, dont
le propriétaire nous communique volontiers les différents écueils qui nous
attendent pour parvenir à Djerba. Il semble bien informé car il fait sens
inverse par rapport à nous et qu’il a lui même vécu quelques mésaventures pour
remonter jusqu’à Mahdia. Le parfait moment pour une douche qui nous coûtera
cher : les mêmes gardes n’apprécient pas particulièrement l’exubérance
italienne et demandent trois paquets de cigarettes pour oublier le crime
accompli. Le soir l’équipage se scinde en deux : les personnes plus
expérimentées restent à bord dans le but de finir les bouteilles de rosé
tunisien, tandis que les ritals vont supporter leur équipe nationale à haute voix,
attablés à un restaurant servant des plats locaux à n’en plus finir. Le soir,
après une victoire de prestige de la squadra azzurra, l’équipage se regroupe
pour un dernier verre de l’amitié, avant une nuit bien méritée.
Mardi 19 juin
Mahdia à La Chebba - 19
milles -
navigation 4 heures
Nous
sommes réveillés par une grande animation : retour des pêcheurs de leur
pêche de nuit au lamparo.
Aussi
nous filons au marché aux poissons
(installé dans une halle aux superbes mosaïques bleues) :
crevettes, poulpes, rougets, espadons, thons, bars, maquereaux, mérous,
anchois, murènes…..nous ne savons où donner de la tête.
Nous
continuons nos courses dans le marché aux fruits et légumes très colorés.
Puis,
après les habituelles formalités portuaires où, parfois la patience de Dano est
mise à l’épreuve, nous mettons le cap sur La Chebba (petit village non connu du
«routard »). La mer est très calme. Le matin nous avons déjà 31,8° sous
abris.
Le
Bahia zigzague avec beaucoup d’habilité et de rigueur entre les balises
cardinales, les thonnaires, les lignes de fond,…
Nous
avons de jolies vues sur la cote avec ses maisons blanches, ses plages claires
et beaucoup de verdure.
Juste
avant d’arrivée dans le port de pêche de Chebba,
plusieurs
dauphins viennent nous accueillir et nous accompagnent dans un superbe ballet
aquatique.
Et
nous entrons, seul voilier parmi de nombreux bateaux de pêche, en scindant
« Hervé »…..et oui, l’enseignement de Sim à MT sur les règles de la
mer commence à faire leur effet. D’ailleurs à ce sujet MT progresse rapidement
grâce à son professeur très pédagogue : SIM. Elle a déjà appris à faire 2
nœuds, et baigne de plus en plus (sans se noyer) dans le vocabulaire marin.
Elle largue le génois, la GV, manie avec dextérité les gaffes et les pare-battages.
Une vraie petite matelote fière de ses acquis.
Nous
déjeunons à 3 heures de l’après midi. Nicolas a un très gros dilemme à résoudre
pour le choix de sa soirée : soit il abandonne le navire et les crevettes
et maquereaux fraichement pêchées au lamparo et délicieusement cuisinés par sa
maman, soit il s’abstient d’aller encourager la France contre la Suède devant
une télévision tunisienne. Véronica le laisse libre mais le suit.
En
attendant Nico & Nica partent se baigner et chercher un peu d’alcool dans
le village. Le reste de l’équipage va visiter ce petit village de pêcheurs où
il se retrouve seuls européens et s’attable au bistrot principal pour boire….du
thé vert !
Résultat
de la soirée : Nico a préféré la cuisine de sa maman et il a eu raison
puisque la France a perdu (0/2).
Nous
rejoignons les bras de Morphée de bonne heure car le départ du lendemain est
prévu à 5 heures.
Mercredi
20
La
Chebba – Iles Kerkennah au sud de Sidi Youssef –
51
milles -
navigation 11 heures
C’est
une des étapes « top » de notre périple. Les seuls que nous ayons
rencontrés l’ayant faite sont les retraités allemands à couple à Mahdia la
veille. Ils se sont mis 2 fois au sec, avec il est vrai un tirant d’eau de 2
mètres (contre 1, 7 mètre à BAHIA). Cet hiver, nous n’avions trouvé aucun blog
récent décrivant cette étape.
Notre
vieux FURUNO ne donnant plus les profondeurs depuis l’arrivée en Tunisie, c’est
donc le retour aux cartes papier que je me félicite d’avoir emmenées après les
avoir partagées avec Pierre-Yves.
Mauvaise
nuit pour Dano, un peu inquiet tout de même, malgré les 16 way points
enregistrés à partir d’une carte SHOM que le guide IMRAY qualifie de fausse et
après avoir renoncé à tenir compte du Nota de la dite carte (« Les
positions rapportées au système géodésique WGS 84 issues d’un système de
positionnement par satellites – par exemple d’un récepteur GPS – doivent être
corrigées pour être en accord avec cette carte »). Le marnage est de 50cm
dans la zone, mais d’après les pécheurs locaux, la mer serait au plus haut vers
9 heures (information non garantie, d’autant plus que les annuaires des marées
n’existent pas et que la presse locale n’en parle pas).
Nous
quittons donc le port à 5 heures du mat, non sans avoir prévenu la Garde
nationale comme ils nous l’avaient demandé la veille…
En
définitive, tout ce passe très bien, malgré la disparition non signalée d’une
des balises du chenal des Kerkenah. Pas un seul bateau en vue à part quelques
barques de pêche, des thons enjoués ( !) nous souhaitent bon vent en
sortant du port. Plus faible hauteur sous quille relevée : 80 cm (ajouter
le pied de pilote…). A 14 heures 15, le moteur change brutalement de bruit et
nous perdons 1 nœud. Vive inquiétude de Dano, qui se précipite dans le moteur,
inquiétude vite levée après un examen attentif des cartes : dans le
chenal, il y a un courant de 1, 5 nœud au flux (dans notre nez) et au jusant (venant de l’arrière). La marée
s’est inversée !
Vers
16 heures, après contrôle Garde Nationale en bateau et 3 passages d’hélico,
nous mouillons par 50 cm de fond au sud du port de Sidi Youssef, au milieu
d’étranges haies marines en palmes tressées plantées dans le sable et
probablement utilisées pour la pêche.
Au
loin quelques felouques, la nuit nous enveloppe après un dernier bain, l’apéro
bien mérité pour le skipper et son équipage précède un couscous maison (ou
plutôt bateau) arrosé d’un Mornag rosé de contrebande dégotté par Nico et
Veronica à La Chebba. Paysage un peu asiatique ; le vent tombe
complètement. Ce soir encore nous nous endormons sans nous faire bercer.